BIENVENUE SUR LE BLOG DE PAPA GATO

30 octobre 2011

La chasse aux pigeons

Et voilà, comme on s'en doutait, les figuras qui ne sont pas d'accord pour qu'on baisse de 20% leurs cachets, comme le proposent les grandes arènes françaises !
Au nom du fait qu'ils se mettent devant le toro... 
... oui, bien sûr... 
... c'est certain... 
... eux seuls prennent ce risque et cela mérite salaire dans la mesure où la corrida est un spectacle public. 
Mais, ne se doutent-ils pas qu'en pratiquant une politique ultra libérale, ils sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis? 
En fait, ils sont conscients de la crise et de ses répercussions sur l'économie taurine, mais ils voudraient que ce soient les autres qui payent. 
Les organisateurs par exemple. 
Dans la mesure où il y a peu de chances que cela se produise, on peut parier, à coup sûr, que ce sera nous, pauvres pigeons, qui continuerons à "casquer un max", comme dit le fils de mon voisin qui n'a jamais mis les pieds dans une arène, c'est bien trop cher.

 
 Précisons cependant à nos vedettes de la corne aféitée et du toro commercial, que le fait de risquer sa vie n'a jamais donné le droit à quiconque de plumer ses contemporains. Question d'éthique. Ética en espagnol.
Pourtant, à les entendre, tous toréent par aficion, aucun pour l'argent.
Je veux le croire. 
Alors, c'est le moment de le prouver, mes "saigneurs". 
Des actes.

25 octobre 2011

Madrid perd Antoñete

La mort d'Antoñete témoigne de l'intense relation fusionnelle, que les années n'ont pas altérée, entre le torero et Madrid : cette chapelle ardente dressée dans les arènes même de Las Ventas, la sortie du cercueil par la Puerta Grande aux cris de "¡Torero, torero!"... 
Curro Romero et Séville, Jose Tomas et Barcelone, Antoñete et Madrid... Comment un matador devient-il l'amant d'une ville entière, rendue à ses pieds pour la vie? Au point même de l'incarner: Antonio Chenel ressemble à Madrid, on croise ses clones dans les vieux quartiers de la capitale, tout comme J.T. porte la "branchitude" rebelle des catalans et Curro l'impassibilité inspirée des sultans et des flamencos.
Leurs figures totémiques protègent, à l'égal des dieux. Ils ont vaincus la mort dans l'arène et nos cités inquiètes trouvent refuge dans leur ombre tutélaire. Antoñete parti, voilà Madrid livrée à la crise et à la cruauté de l'époque.
Les toreros, quand ils savent se hisser à ces hauteurs, semblent des esprits protecteurs de nos temps. Si un jour ils disparaissaient, le ciel serait, tout à coup, un peu plus vide.




23 octobre 2011

La Sud-Ouest attitude

J'aime le rugby. J'aime la corrida. Mais je n'aime pas du tout l'amalgame entre les deux au nom d'une culture Sud-ouest. Je dirais même que cette définition de notre sac à dos tradition - "rugby, toros, feria"- est bien encombrante. 
Figurez-vous que je connais des gars du coin qui ne mettent jamais les pieds ni dans un stade, ni dans une arène, et qui ne boivent que du Vichy Célestins. Je connais aussi des andalous qui n'aiment pas le flamenco et des alsaciens qui détestent la choucroute. 
Je connais par contre des démagogues qui exaltent le rugby, les toros et les ferias dans la grande tradition du "panem et circences". J'ai même un voisin qui s'imagine habiter la plus belle région du monde, parce qu'il passe son hiver autour des pelouses, son été sur les tendidos et ses samedis soirs à boire des coups en chantant.
Tous cela pour dire qu'il faut se méfier des images toutes faîtes et des troupeaux de moutons.



Retour de guerre

Tel un revenant du Front, à moitié aveugle, à moitié tordu, Padilla réapparait... 
avec la "gueule cassée" d'un rescapé de la guerre
au pays des toros qui ne pardonnent pas. 
Respect.

17 octobre 2011

Tarifs (3)


  • En pratiquant des tarifs très élevés, le spectacle se coupe de ses racines populaires. Je l'ai déjà écrit, la tauromachie est, dans son histoire moderne, un spectacle populaire à l'image de la course landaise, de la course libre ou de certains sports. 
  • Populaire, cela veut dire que les gens qui ont des revenus modestes peuvent, de temps en temps, se payer une corrida. 
  •  Réserver ce plaisir, en nos temps de difficultés économiques, aux plus nantis représente une confiscation par l'argent qui isole la tauromachie et l'éloigne d'une pratique inscrite dans le quotidien traditionnel de la population d'un territoire. 
  • De là à affirmer que la corrida est anachronique et ne concerne plus le plus grand nombre, il n'y a qu'un pas que ses détracteurs ont beau jeu de franchir.
  • L'augmentation est due, pour une bonne part, aux cachets très élevés imposés par les figuras. Ainsi l'argent devient le maître-étalon auquel se mesure la valeur d'un torero. Valeur marchande se confond alors avec valeur taurine et artistique. 
  • Ce qui est une grave erreur. Que commettent pourtant nombre d'aspirants toreros dont le style et le répertoire clinquants empestent l'euro.
  • Le spectateur, surtout occasionnel, en veut pour son argent et attend un résultat à la hauteur de son investissement. Or, par nature, la corrida est incertaine, le toro en représentant une inconnue majeure. Rien de moins assuré que le succès d'une corrida. Mais à ce prix-là, devant une déception, le spectateur moyen n'est pas prêt à  renouveler l'expérience. Il ne revient pas et les arènes peinent à se remplir.
  • Les commerçants le savent et cherchent à fabriquer un toro miracle qui permettra d'assurer le show chaque après-midi. On connait le résultat désastreux de ces manipulations génétiques.
  • Essayer d'apporter une solution à la désertion des arènes en baissant les prix d'entrée me semble le meilleur moyen pour commencer à réformer le système.

6 octobre 2011

Tarifs (2)

Je suis venu à la passion des toros par mon grand-père. Il était ouvrier et fréquentait les arènes du Bouscat assidûment, aux places populaires. Je pense souvent à lui. Il ne serait plus aujourd'hui en mesure de se payer ce qui est devenu un luxe et, encore moins d'y initier ses petits-fils. 
Pourtant, l'aficion se transmet en assistant ensemble à des corridas, puis en en parlant, en échangeant et en y retournant. Rien ne vaut , pour former un regard que de le partager. L'aficion est une école du compagnonnage.
Aujourd'hui, le prix élevé des entrées limite considérablement ce partage et cette transmission.
Je vais personnellement de moins en moins aux arènes pour des raisons financières. C'est un fait. Je tolère mal cette sélection par l'argent au point qu'il me faut faire parfois un effort pour ne pas céder au dépit et envoyer promener cette passion argentée et consumériste.
D'autant plus que, bien trop souvent, le spectacle qu'on nous vend est frelaté, délibérément pipé et volontairement affadi. Et ne vaut pas, loin s'en faut, le prix du billet.
 Si la corrida n'a plus la possibilité de faire machine arrière économiquement et campe sur les bases tarifaires actuelles, elle se condamne elle-même à la dégénérescence accélérée d'un spectacle élitiste et décadent. Sa disparition n'est plus alors qu'une question de temps.
Il lui faut impérativement trouver les moyens de renouer avec ses origines populaires pour se ressourcer et se régénérer. Et se moraliser. Pour commencer, baisser le prix des places et permettre à un spectateur populaire d'assister aux spectacles. 
À Madrid, pour à peine quelques euros on voit une corrida. Certes, la jauge de l'arène est considérable et permet des tarifs très bas. On sait aussi que dans la capitale espagnole, une aficion traditionnelle vit dans les quartiers populaires et remplit les arènes.
En France, vingt euros devrait être le prix d'une place moyenne.