BIENVENUE SUR LE BLOG DE PAPA GATO

25 juillet 2012

Comme une odeur de...

    

   Il semble que l'on emploie, aujourd'hui, le mot "caste" pour définir la combativité du toro. On dit d'un toro qui combat fort qu'il est encasté ou d'un autre qui refuse l'affrontement qu'il est décasté.
   Alors que le terme de caste était exclusivement réservé, il y a encore quelques années, à l'identité génétique du toro: les antécédents, les croisements.
    Cette extension de la définition de la caste interroge. S'agit-il d'un appauvrissement du regard critique porté sur le spectacle où tout ce qui est de l'ordre de l'agressivité du toro est jeté dans le grand panier de la caste, sans plus de nuance? 
    Est-ce là une perte d'exigence, comme si le critère de combativité était suffisant, comme si le seul fait que le toro soit belliqueux mérite d'être souligné. Alors que de la part d'un toro de...combat, précisément, il semble que ce soit la moindre des choses. Encense-t-on un cycliste parce qu'il sait pédaler?
  Autant dire que cette évolution sémantique du terme "caste" ne me convainc pas et aurait plutôt tendance, par son côté fourre-tout, à me paraître bien incertaine .

    Je préfère en appeler aux trois notions essentielles:
- l'instinct offensif du toro, sa faculté à répondre à l'agression par l'attaque (bravoure)
- l'instinct défensif du toro, sa tendance à répondre en se défendant (genio)
- sa capacité à jouer le jeu (noblesse)
   L'observation de ces trois caractéristiques donne l'exacte nature de la combativité.
   Ce trio me paraît d'autant plus juste qu'il désigne des comportements que l'on peut étendre à la vie en général et aux hommes en particulier. 
   La tauromachie est un miroir, c'est là une des dimensions essentielles de sa légitimité.

23 juillet 2012

Réconciliation sous les platanes

    
   Les toros de Joselito - Tajo y la Reina - irrégulièrement présentés, loin d'être astifinos, ne payaient pas vraiment de mine. Par contre au moral, ils furent combatifs, mêlant une bravoure certaine à un allant qui déborda plusieurs fois les toreros. Comme quoi en tauromachie non plus l'habit ne fait pas le moine. Bien qu'ici, on ose espérer que le costume n'ait pas subi d'intempestives retouches... 
   Joselito élève un bétail qui joue le jeu du toreo moderne mais avec une âpreté et un moteur exigeants pour le torero. N'est-il pas en train de proposer un équilibre qui peut satisfaire figuras et amateurs de vrais toros ? À suivre, en espérant que les vedettes, qui recherchent tant la facilité, ne s'en détournent pas et sachent profiter de cette opportunité. Les pensionnaire de Tajo y la Reina seront présents à Bayonne en septembre. À n'en pas douter les aficionados aussi qui observeront comment ils sortiront pour Sa Majesté J. L. El Juli et son vassal M. A. Perera.
   Fundi qui faisait ses adieux à la France s'en tira avec honneur, parfois à la limite de la rupture physique. Que sa retraite lui soit douce après tant d'années de castagne.
   Fandiño, une fois encore, a affiché un engagement, une technique et une personnalité qui font de lui un torero important. Et encore une fois, il est passé à côté du triomphe retentissant qui lui manque dans le Sud-Ouest, échouant à la mort, ce qui est rare chez lui. Mais cela viendra sous peu. À ne pas manquer.
   Escribano est en train de jouer son avenir. Il le sait. Hier, à Tyrosse, c'est sa vie qu'il a mis en jeu, à plusieurs reprises, pour faire de cet après-midi un tremplin d'espoir. Comme c'est beau et grand et bouleversant quand un homme engage tout ce qu'il a et tout ce qu'il est dans une arène, devant un toro qui, lui aussi, défend chèrement sa vie !


   Un quiebro forcé, hallucinant de risque, le dos plaqué aux planches, lui valut un coup de corne mal placé. Infirmerie. Pour revenir au sixième en jean et chemise. Le temps de retrouver sa cape, la sensation du ruedo et il s'avance pour attendre le toro à genoux. Ole! Le voilà ce défi sans lequel la tauromachie fait du rase-mottes. L'identité première du torero est le défi. Son moteur. 
La faena fut dans le ton, sans parfois venir à bout des complications violentes du toro, mais toujours dans l'exposition et dans l'enjeu fondamental. Hier à Tyrosse Manuel Escribano a planté au centre du cercle son désir vital d'être torero et nous a conduit à la source même de la tauromachie. Grand moment.

   
Retrouver chaque mois de juillet l'ombre tutélaire des platanes qui entourent la petite arène tyrossaise est un bonheur. 
   Nous sortîmes le sourire aux lèvres, réconciliés avec notre passion, amante  pourtant volage, mais qui sait le secret de nous enflammer...


22 juillet 2012

Le tamborin et la flabuta.


Lorsque je grimpais les marches de l'escalier 5 des arènes ortheziennes du Pesqué, l'amateur de toros costauds et combattifs que je suis se réjouissait à la perspective de la lutte acharnée qu'allaient mener les 5 novillos de la ganaderia Fernando Pereira Palha et les six toros de l'élevage de Jose da Veiga Teixeira. 
Près de six heures de tauromachie plus tard, le bob de guingois, l'oeil bovin et les lombaires en vrac, je regagnais déçu ma même pas puissante limousine.
La novillada bien présentée - moins cependant que sur les photos et vidéos tournées en coulisses - et d'une combativité tempérée par rapport à ce que l'on pouvait supposer, a souffert grandement de l'insuffisance des novilleros. Car, voyez-vous, la tauromachie est comme l'amour: il faut être deux (minimum). Toro et torero sont necessairement et irrémédiablement liés, aussi solidement que J.F. Copé à sa mauvaise foi. Or ce matin-là, nos deux jeunes gens - à revoir, bien sûr, dans d'autres circonstances mais sans grande illusion quand-même - séchèrent à des degrés divers et surent mal mettre à profit les qualités de ces Palha de bonne composition, à ne pas confondre avec les autres.
Le soir - pourquoi 18h...30? - six superbes - à deux ou trois cornes en balayette près... - Jose da Veiga Teixeira nous attendaient. Galopant à la vitesse de la dette sur le budget d'État, ils faisaient impression. Mais une fois piqués, ils eurent une fâcheuses tendance à aller à "menos", c'est à dire à faire long feu, en terme trivial "pchiiiit".
A l'exception du premier - un manso puissant et retors - qui eu le mérite d'entretenir une tension dans l'arène, le cinq autres furent les ambassadeurs de la frustration: tant de présentation, de promesses pour si peu!
On le sait, les toros, les melons, même combat. Personne n'est dedans, ni les éleveurs, ni les organisateurs et la meilleure bonne foi peut être mise en difficulté par l'inconnu. Nous ne tirerons pas sur l'ambulance, sensible aux efforts de l'arène d'Orthez pour offrir des spectacles de qualité, à rebrousse-poil de la facilité. 
Mais il y aurait grand dommage à encenser une corrida largement insuffisante.
Revenons sur le tercio de piques: il fut ici très valorisé avec emplacement du picador dessiné au sol, toro positionné par les toreros à plusieurs mètres de distance. Tel qu'il ne se pratique pas et qu'il devrait se pratiquer à tout coup. Bravo.
Mais, on le sait, la suc de la fleur qui guérit à un certain dosage devient un poison mortel à d'autres quantités. Or hier, tous les toros ne s'accommodaient pas d'être placés très loin. Ni leur caste limitée pour le moins ni leur bravoure ne s'y prêtaient. Et les laisser plantés là, tel le sixième, durant de très longues secondes, n'est pas bon. On eut aimé que les toreros, après avoir essayé de les placer à distance respectable, les rapprochent ne les voyant pas se décider. Cela me parait être le bon sens, évitant ainsi que les toros ne doutent ou perdent confiance. 
Il ne faudrait pas, par ailleurs, que les matadors de corridas dites dures, ne mettent au point une sorte de "show des piques" sans discernement, dans le but premier de satisfaire une clientèle toriste. La dérive ne me semble pas si éloignée, lorsque l'on voit la complaisance mise par Serafin Martin à indiquer très ostensiblement à son piquero l'endroit règlementaire où attendre la charge et son obstination à placer le toro à la distance de la tour Moncade.
Par ailleurs, je fus tout à fait gêné par les applaudissements qui accueillirent Robleño l'obligeant à saluer à l'issue du paseo. Quoiqu'il ait pu faire à Céret, il n'avait encore rien prouvé à Orthez. Ce qui reste d'ailleurs toujours le cas - si ce n'est qu'il est un bon professionnel - vu la piètre qualité de ses opposants. Donner un chèque en blanc à un torero quel qu'il soit est un débordement qu'il faut s'efforcer de contenir.
Paulita essaie de justifier son surnom en forçant les poses artistiques, bien loin des cornes et abusant du bout de la muleta (pico) pour prendre ses distances.
Quand au catalan, triste et trop grave, il a su tenir sa place, sans ce supplément d'âme qu'il a enterré dans les sables de la défunte monumental barcelonaise.
Aujourd'hui Tyrosse. Je ne pensais pas y aller mais frustration oblige: en voiture!

Le tamborin et la flabuta.
Instruments  traditionnels béarnais 
qui accompagnèrent hier le tercio de banderilles. 
A l'image de la caste des toros: 
discrets et d'un à propos incertain.
Mais ils réveillèrent mes racines béarnaises 
et les mânes de ma grand-mère.
Mieux que les toros.        

7 juillet 2012

Ô douleurs!


Un Dolores Aguirre, en pleine action, ce 7 juillet à Pampelune,
lors de la première corrida de la Feria du Toro.
Il n'y a plus que les bègues pour parler de "toro-toro".
On oublie vite.
Une bonne nuit de beuverie et 
demain sera un jour nouveau. 
Le 8, à ce qui paraît...
Les Miuras - la légende! - sont au programme. 
Faites brûler un cierge!

Casas et cassos sont en bâteau...


Jose Tomas est un grand torero. Son seul contre six est un événement, sur le papier, qui casse cinq pattes à un gato et même six.
Personne n'est tenu d'apprécier J.T., ni les ganaderias commerciales qu'il va affronter, ni le coup médiatique de Casas et l'opération lucrative que tout cela représente pour les uns et les autres.
Je ne cherche et ne trouve encore moins des "excuses" à Simon Casas qui est un homme d'affaires dont je n'aimerais partager ni la foi ni la loi.
Mais ce solo est un évènement dont l'organisation n'est pas à la portée du premier venu.


Même s'il s'en dégage un léger parfum d'attrape-couillon qui fait craindre le pire,


il peut offrir aussi des moments inoubliables.


Je n'irai pas à Nîmes en septembre parce que cela reviendrait trop cher au biarrot que je suis.
Pour être tout à fait honnête, si l'évènement se passait à Madrid, et à Madrid seulement, j'y serais allé. Car la vie est lente et l'espérance est violente!

Pour finir, je crois que les amateurs de toros-toros - que nous sommes tous :)) - ne sont pas à l'abri de se faire "dindoniser" à leur tour par le système du fric. Je n'en veux pour preuve que la floraison magique et spontanée des Escolar cette saison...


Attention si les dorures chatoyantes se vendent bien, les cornes avec ou sans fundas, ont leur marché. Pas toujours reluisant.


 Cassos!

Ce qui fait danser les hommes

Des milliers de personnes sous un balcon à midi pile. Tous habillés pareils. Sur le balcon municipal des hommes et des femmes politiques. Quelques phrases rituelles gueulées dans un micro. En bas la foule qui répond d'une seule voix:"Viva! Gora!". Un pétard s'élève dans le ciel. En bas, clameur. Le pétard explose. En bas, délire.
Ça vous met les larmes au yeux et ça fait danser les hommes.
Ça s'appelle le Chopinazo et c'est l'ouverture des fêtes de Pampelune.



À consommer avec modération.


5 juillet 2012

La blasitude.

A force de ne plus savoir discerner le bon grain de l'ivraie, certains aficionados, à leur insu et à leurs dépends, aident à précipiter la corrida contemporaine dans les oubliettes où notre société déracinée veut l'embastiller. Les triomphes de Manzanares à Séville, le retour majuscule de Jose Tomas à Badajoz les laissent indifférents, eux qui, il y a encore quelques années, étaient capable d'arpenter la planète torera de Nîmes à Barcelone à l'annonce d'un cartel phare.


Dans leur tauromachie, le Père Noël est mort.
Oserai-je écrire qu'ils sont dans leur "blasitude" les produits de nos sociétés gavées?
C'est entendu, la tauromachie est corrompue par l'argent et ne resplendit pas, à chaque instant, d'une blancheur immaculée (!). Mais elle offre encore de grands moments. Chaque saison. Soulignons-les, exaltons-les comme des références et non comme de exceptions. Nous avons devoir d'enthousiasme.