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21 octobre 2012

L'intelligence est émotion

L'émission Signes du Toro, ce dimanche 21 octobre, consacrée au récent solo nîmois de Jose Tomas, est une belle et grande réussite.
Heureusement guidée par la profonde réflexion de Denis Podalydès, elle restitue sans tenter de la recopier, l'émotion unique de ce moment hors du commun.
L'analyse fine menée par l'acteur de ces instants éblouissants et surtout de la présence si rare du torero est un pur régal d'intelligence sensible.
Qui me fait d'autant plus regretter d'avoir eu la bêtise de ne pas assister à l'évènement.




Pourquoi ne pas réaliser maintenant un film plus long, 
qui développe ce dialogue superbement ébauché
entre Denis Podalydès et Jose Tomas,
le premier parlant du second toréant ?

20 octobre 2012

Quand la vie devient destin.


Hier soir, au théâtre, j'ai assisté à une représentation d'une pièce de l'auteure contemporaine mexicaine, Ximena Escalante, intitulée: Phèdre et autres grecques.
Un très beau texte dont voici quelques lignes tirées d'un dialogue entre Phèdre enfant et le devin aveugle Tiresias
TIRÉSIAS — Sais-tu ce quʼest le destin ?      
PHÈDRE  — Oui, cʼest quand il tʼarrive des choses. 
TIRÉSIAS — Il tʼarrive des choses que tu ne peux pas éviter. Elles arrivent. Irrémédiablement. Tu les vois venir, tu veux te sauver, tʼéchapper mais tu as beau essayer, elles arrivent, elles te suivent comme ton ombre. Le destin te poursuit. Tu veux aller plus vite que lui, tu cours de toutes tes forces, tu crois lʼavoir semé, tu tournes le coin dʼune rue, certaine quʼil a perdu ta trace et tu lui rentres dedans: il a gagné. 
Vision de la vie que l'on pourrait qualifier de taurine, une des forces essentielles de la corrida résidant dans cette capacité, venue du fond des âges, à transformer les vies en destins.
Rituel éminemment tragique et mythologique qui ne relève pas d'une étroite tradition locale (fut-elle ininterrompue) mais qui accompagne l'interrogation que posent les hommes sur leur propre existence.

Minotaure aveugle guidé par une fillette dans la nuit. Picasso.



17 octobre 2012

Multiples






 Pour ceux qui se sont émus, en regardant l'article précédent, de ce qu'ils ont pris pour un racisme anti-vieux, voici trois nouveaux clichés, pris sensiblement à la même époque, qui restituent à nos stars leur capital de beauté et de sympathie.
Ce qui était cauchemardesque dans les précédentes photos ne tenait pas à l'usure du temps, mais à la présence d'une agressivité méchante, celle-là même qui leur fait parfois préférer leurs toutous aux humains, quand ils portent le nom d'aficionados. 



15 octobre 2012

Cauchemar.






Mythologie rêvée.





"Minotaure jouant"
de Annick Longuet


Las moschinas


Vues les pitoyables performances des toreros du G10, 
nous vous proposons un nouveau G9 made in Italie



autrement plus attrayant.


Dans l'automne madrilène le temps n'était pas à la fête.


Madrid, samedi 06/10/2012
Corrida de feria de otoño.


Pastel
et pas tel…




Seuls les revendeurs, affolés et rubiconds, s’affolant et affolant le retardataire jusqu’à la taquill n’étaient pas dans la note pastel que le soleil de fin de temporada nous offrait.
Pastel, Sergio Aguilar, tout au long de ses faenas, éclairées de rares raies vives. Pastel et pas tel qu’on l’espérait, David Mora, qui parait ne savoir se servir que de sa cape et donne l’impression d’ignorer les terrains. Le public lui rafraichit la mémoire, et lui rappelle qu’être ailleurs n’appartient qu’à José Tomas. Pastel, Ivan Fandiño, dont seule la couleur illumine des faenas, bien léchées, où il ne manque rien, hormis le désir.
Le vif était dans les toros de Valdefresnos et le troisième de Fraile Mozas. Le vif était dans la cornamenta des bichos, qui devrait permettre à nos revisteros du Sud-Ouest d’éviter de se poser des questions sur la présentation de la plupart des toros lidiés dans nos plazas ; le sexe des anges ne leur serait plus mystérieux. Le vif de la caste était tempéré par le « juste de force », la faiblesse constitutionnelles de ces magnifiques estampes.
Le public de la Monumental a démontré, une fois de plus, sa fonction de « veedor » de la fiesta, celui qui voit, signale et pointe, les comportements déviants des hommes à pied et à cheval, leurs errances dans des terrains improbables et les déficiences des toros. Une monumental gardienne de l’éthique de la corrida, seul rempart contre l’amoralisme dont on l’accuse.
Quelques puros que quelques-uns osent fumer…presque en cachette.


Madrid, dimanche 05/10/2012,
finale du concours de écoles taurines
communauté de Madrid.


Des clones et des clowns, 
ou une « non piquée » comme il faut…




Ganaderia d’El Carreton, pardon de Jandilla, d’une homogénéité évoquant Huxley et son «meilleur des mondes», tous gachos, playeros, propres sur eux jusqu’à la fadeur. Des toros qui ne «servent» pas assez leur (contre) maître et osent vomir le sang de leur bajonazo sur les zapatillas et le traje immaculé de leur matamor de matador.
Un public qui s’habitue ou se résigne, allant jusqu’à réclamer le changement du seul manso qui ne pouvait «servir» les «toreritos» ou plutôt les toreros en devenir, qui méritent quoiqu’il soit notre respect pour se mettre devant.
Bref des erales « comme il faut » pour des hommes « comme il faut », funèbrement formatés pour l’enterrement de la corrida et l’avènement d’une tauromachie « sans histoire». Des toros sur des rails, des toreros sur une autre voie, parallèle, aucun risque de rencontre, ni d’histoire commune, rien pour la passion, tout pour le raisonnable. 
Les toreros, dont deux de la Fondacion d’El Juli, paraissaient clonés, seul leur costume les distinguait. Une passe citée de face et la suite, en rond, fuera de cacho, avec le pico, mais liée, répétée jusqu’à l’ennui et conclue d’une épée au hasard des terrains. Toreros sans recours, malgré les cours. Très souvent la montera était au centre, le toro aux planches et le torero quelque part.
Nous n’étions pas au Tendido Siete mais sur le quai n°7 de la Estacion Monumental.
Matinée éclairante et éclairant d’un soleil radieux - au moins quelque chose souriait - la tauromachie d’aujourd’hui, que les marchands veulent pour demain… si nous continuons à acheter et à nous vendre?
Ne dites pas à ma mère que j’étais à un enterrement, elle me croyait à la fête de l’automne.

Madrid, dimanche 07/10/2012
corrida de feria de otoño.


Des hommes normaux 
dans l’anormalité.




Corrida de « las y de los dos ». De las dos horas de peur et d’émotion, de los dos pitones terrorificos des toros de Palha, en particulier le cinquième, irréel de cornamenta, de las dos pares de banderilles que le peon, David Adalid, a posé dans des terrains impossibles, devant ce toro impossible, faisant lever et rester debout 20 000 incrédules, de los « dos huevos » que tenian cada torero.Fernando Robleño omni-présent dans sa lidia et celle de jefe, Javier Castaño déshabillé et gracié par son premier adversaire, revenant faire le métier avec une humilité tranquille et un pundonor intemporel, Alberto Aguilar, liliputien applaudi avant de donner le toque, tant son placement était vrai, sincère.
Bref des toreros normaux, vecteurs de valeurs intemporelles, nous disant que si certains maestros ont un coût, d’autres n’ont pas de prix.


Alain Chaperon, Caperuza.



7 octobre 2012

Coup de griffe!

Réjouissons-nous de la décision du Conseil constitutionnel. La tauromachie est légale dans les villes de tradition taurine ininterrompue etc, etc....
Réjouissons-nous, oui. 
Mais modérément.
Les attaques répétées des animalistes ne sont que le reflet d'une remise en question de la corrida plus profonde et sûrement durable.
Car le rituel taurin s'étiole sous le soleil noir de notre goût immodéré de la consommation: trop de courses, trop de retransmissions télé, trop d'infos, trop de forums, trop d'avis, de bruit avec la bouche, de conseils sans solde. Dans ce monde saturé, un évènement chasse l'autre. Et on ne sait plus ni tirer de leçons ne serait-ce qu'à moyen terme, ni même reconnaître un véritable évènement.
Alors que les effets du solo de J. Tomas s'estompent déjà, nous voilà aussi sec revenus au train-train des spectacles écrits d'avance, des sempiternels Valdefresno madrilènes, du désert novilleril, des louanges téléguidées de Mundotoro, des vains bavardages du mundillo et des résistances incertaines d'une aficion automnale même en plein été. 
Oui, nous sommes bien les pitoyables enfants de la consommation cleenex. 

Marre, marre, marre! 
Trois fois marre 
et merde en plus 
pour faire bonne mesure!