In vivo ou à la télé, j'ai suivi pratiquement l'intégralité du cycle madrilène.
Côté toros beaucoup n'ont pas servi. Mais quelques-uns, oui, sans équivoque, ni réserve.
Ce sont les hommes qui manifestement ont fait défaut dans leurs limites à se dépasser. Si Castella est le triomphateur, sans puerta grande, c'est précisément grâce au risque qu'il a pris, au-delà des frontières du prévisible. Défi lancé au destin.
Nous attendons d'un torero, encore davantage d'une figura, cette capacité à se dépasser et pas seulement à bien ou même très bien toréer. Madrid réclame ce "plus", ce "quitte ou double", ce pari avec la mort. Madrid a su garder lyrisme et cruauté.
Le virus de la corrida contemporaine se nomme "raison": vouloir résoudre l'énigme des toros avec sa tête, uniquement sa tête et sa raison et surtout pas sa folie, son intuition, sa foi en l'inconnu. Ne pas être déraisonnable, pratiquer le risque calculé.
Triste humanité qui ne saurait plus que rêver dans les limites du possible! Finis Icare ou Christophe Colomb; et finie la tauromachie.
Il est temps, grand temps, de réapprendre l'insécurité.