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6 septembre 2011

Au pays de Bildu

Un mien ami me fait passer ce texte 3D qui se lit, aussi, entre les lignes.

Fin de 15 août sans faim

L’arrivée à San Sebastian, en cet après-midi de Semana Grande, paraît trop aisée. Peu de voitures au parking Pio XI, quelques esseulés  nous accompagnent le long de la masse grise de Anoeta que surplombe sa petite sœur Illumbe. La taquilla  est quasi déserte à vingt minutes du paseo, les dégueuloirs laissent apercevoir une plaza bleue de sièges vacants.
En contre-bas, sur le parking bitumé, les chevaux de Bonijol trainent et raclent leurs sabots sous le regard indifférent du mozo gardien, que seul le foulard bleu identifie comme partie de la fête. La caña nous est servie en un temps et à un prix record. Le sol du comptoir est à l’unisson des toilettes, luisant d’une humidité qui nous coupe la soif.
La plaza n’a pas sa moitié garnie, le président et son assesseur ressemblent à des Robinsons, perdus dans leur palco flottant sur une mer azur de fauteuils vides. Le chef d’orchestre s’emploie du mieux qu’il peut, mais sans y croire vraiment. Nous jouons mal  aux aficionados festifs. Le puro reste tapi dans nos poches, pas envie.
Quant aux spectateurs, ils vaquent à leurs occupations. Certains flirtent, d’autres discutent de La Real et de la reprise du championnat de football. Une dame se refait les ongles, une autre tente désespérément d’arrêter la grille de son bas. Un accroc regarde sa telenovela sur son téléphone. Je me surprends à regretter de ne pas avoir mis un short, à oser mes pieds sur le dossier du fauteuil devant moi, et à jeter la coque de mes cacahuètes par terre.

Les toros de JP Domecq ne font pas concurrence à ceux d’une novillada seria.  Ils sont armés « commodes » comme écrit de plus en plus souvent et monotonement un revistero de notre sud-Ouest, qui fait semblant de croire qu’il peut nous échanger des vessies avec des lanternes. Ils sont « justes » de force, injustement banderillés et piqués, sans aucun égard ni respect.
El Tato fait ce qu’il peut, c'est-à-dire très peu. Il nous ennuie, s’ennuie et c’est tout juste s’il ne s’endort pas avant nous. Il « pègue» ses passes sans aucune conviction, donnant l’impression d’essayer de se convaincre qu’il est  bien là.  Il  fait semblant, il y croit encore moins que nous.
Morante est de passage, il doit savoir que le duende l’attend plus loin, dans une autre grisaille, à Vista Alegre. Il passe, repasse mais sans aucune passe notable. Ses toros paraissent irréels, fantomatiques.

Mais pourtant… 

Mais pourtant, certains couples se sont superbement habillés pour ce lundi marial, a las cinco de la tarde. 
Mais pourtant le président « met » le premier mouchoir à l’heure et ne gaspille ni la musique, ni les trophées. 
Mais pourtant, les placiers empêchent les goujats de resquiller, les retardataires de prendre place pendant le combat. 
Mais pourtant, la cavalerie de Bonijol, légère et mobile, permet de mettre en valeur la bravoure du  « toro ». 
Mais pourtant, la cape et la muleta d’ El Tato sont pliées impeccablement. 
Mais pourtant, Morante s’engage lors de ses mises à mort. 
Mais pourtant, Daniel Luque, a une petite faim, ses lidias sont pures, sincères, complètes, à l’unisson de ses adversaires, courtes sans conviction, mais construites, pleines, non tronquées. 
Mais pourtant, nos voisins ont goûté, avec discrétion, à côté de nous, buvant leur Codorniou dans des coupes en verre et non dans le gobelet « plastico-écolo-suspendable » qui envahit nos fêtes locales. 
Mais pourtant, j’ai enlevé mes pieds du dossier. 
Mais pourtant, j’ai obéi à ma voisine et ramassé mes restes de cacahuètes.
Mais pourtant, j’y retournerai sûrement, parce que, comme le dit mon copain gitan du marché du Petit Bayonne : «Avec Morante, c’est comme ça… ».

Alain Chaperon    « Caperuza »

                

1 commentaire:

  1. Codorniu ! et non Codorniou !
    Il est vrai que champagne et rugby font bon ménage (ne parle t-on pas de "rugby-champagne ?) mais laissons à chacun son orthographe.
    Racing Club Narbonnais

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