Lorsque je grimpais les marches de l'escalier 5 des arènes ortheziennes du Pesqué, l'amateur de toros costauds et combattifs que je suis se réjouissait à la perspective de la lutte acharnée qu'allaient mener les 5 novillos de la ganaderia Fernando Pereira Palha et les six toros de l'élevage de Jose da Veiga Teixeira.
Près de six heures de tauromachie plus tard, le bob de guingois, l'oeil bovin et les lombaires en vrac, je regagnais déçu ma même pas puissante limousine.
La novillada bien présentée - moins cependant que sur les photos et vidéos tournées en coulisses - et d'une combativité tempérée par rapport à ce que l'on pouvait supposer, a souffert grandement de l'insuffisance des novilleros. Car, voyez-vous, la tauromachie est comme l'amour: il faut être deux (minimum). Toro et torero sont necessairement et irrémédiablement liés, aussi solidement que J.F. Copé à sa mauvaise foi. Or ce matin-là, nos deux jeunes gens - à revoir, bien sûr, dans d'autres circonstances mais sans grande illusion quand-même - séchèrent à des degrés divers et surent mal mettre à profit les qualités de ces Palha de bonne composition, à ne pas confondre avec les autres.
Le soir - pourquoi 18h...30? - six superbes - à deux ou trois cornes en balayette près... - Jose da Veiga Teixeira nous attendaient. Galopant à la vitesse de la dette sur le budget d'État, ils faisaient impression. Mais une fois piqués, ils eurent une fâcheuses tendance à aller à "menos", c'est à dire à faire long feu, en terme trivial "pchiiiit".
A l'exception du premier - un manso puissant et retors - qui eu le mérite d'entretenir une tension dans l'arène, le cinq autres furent les ambassadeurs de la frustration: tant de présentation, de promesses pour si peu!
On le sait, les toros, les melons, même combat. Personne n'est dedans, ni les éleveurs, ni les organisateurs et la meilleure bonne foi peut être mise en difficulté par l'inconnu. Nous ne tirerons pas sur l'ambulance, sensible aux efforts de l'arène d'Orthez pour offrir des spectacles de qualité, à rebrousse-poil de la facilité.
Mais il y aurait grand dommage à encenser une corrida largement insuffisante.
Revenons sur le tercio de piques: il fut ici très valorisé avec emplacement du picador dessiné au sol, toro positionné par les toreros à plusieurs mètres de distance. Tel qu'il ne se pratique pas et qu'il devrait se pratiquer à tout coup. Bravo.
Mais, on le sait, la suc de la fleur qui guérit à un certain dosage devient un poison mortel à d'autres quantités. Or hier, tous les toros ne s'accommodaient pas d'être placés très loin. Ni leur caste limitée pour le moins ni leur bravoure ne s'y prêtaient. Et les laisser plantés là, tel le sixième, durant de très longues secondes, n'est pas bon. On eut aimé que les toreros, après avoir essayé de les placer à distance respectable, les rapprochent ne les voyant pas se décider. Cela me parait être le bon sens, évitant ainsi que les toros ne doutent ou perdent confiance.
Il ne faudrait pas, par ailleurs, que les matadors de corridas dites dures, ne mettent au point une sorte de "show des piques" sans discernement, dans le but premier de satisfaire une clientèle toriste. La dérive ne me semble pas si éloignée, lorsque l'on voit la complaisance mise par Serafin Martin à indiquer très ostensiblement à son piquero l'endroit règlementaire où attendre la charge et son obstination à placer le toro à la distance de la tour Moncade.
Par ailleurs, je fus tout à fait gêné par les applaudissements qui accueillirent Robleño l'obligeant à saluer à l'issue du paseo. Quoiqu'il ait pu faire à Céret, il n'avait encore rien prouvé à Orthez. Ce qui reste d'ailleurs toujours le cas - si ce n'est qu'il est un bon professionnel - vu la piètre qualité de ses opposants. Donner un chèque en blanc à un torero quel qu'il soit est un débordement qu'il faut s'efforcer de contenir.
Paulita essaie de justifier son surnom en forçant les poses artistiques, bien loin des cornes et abusant du bout de la muleta (pico) pour prendre ses distances.
Quand au catalan, triste et trop grave, il a su tenir sa place, sans ce supplément d'âme qu'il a enterré dans les sables de la défunte monumental barcelonaise.
Aujourd'hui Tyrosse. Je ne pensais pas y aller mais frustration oblige: en voiture!
Le tamborin et la flabuta.
Instruments traditionnels béarnais
qui accompagnèrent hier le tercio de banderilles.
A l'image de la caste des toros:
discrets et d'un à propos incertain.
Mais ils réveillèrent mes racines béarnaises
et les mânes de ma grand-mère.
Mieux que les toros.
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