Je suis venu à la passion des toros par mon grand-père. Il était ouvrier et fréquentait les arènes du Bouscat assidûment, aux places populaires. Je pense souvent à lui. Il ne serait plus aujourd'hui en mesure de se payer ce qui est devenu un luxe et, encore moins d'y initier ses petits-fils.
Pourtant, l'aficion se transmet en assistant ensemble à des corridas, puis en en parlant, en échangeant et en y retournant. Rien ne vaut , pour former un regard que de le partager. L'aficion est une école du compagnonnage.
Aujourd'hui, le prix élevé des entrées limite considérablement ce partage et cette transmission.
Je vais personnellement de moins en moins aux arènes pour des raisons financières. C'est un fait. Je tolère mal cette sélection par l'argent au point qu'il me faut faire parfois un effort pour ne pas céder au dépit et envoyer promener cette passion argentée et consumériste.
D'autant plus que, bien trop souvent, le spectacle qu'on nous vend est frelaté, délibérément pipé et volontairement affadi. Et ne vaut pas, loin s'en faut, le prix du billet.
Si la corrida n'a plus la possibilité de
faire machine arrière économiquement et campe sur les bases tarifaires
actuelles, elle se condamne elle-même à la dégénérescence accélérée d'un
spectacle élitiste et décadent. Sa disparition n'est plus alors qu'une question de temps.
Il
lui faut impérativement trouver les moyens de renouer avec ses origines
populaires pour se ressourcer et se régénérer. Et se moraliser. Pour commencer, baisser le prix des places et permettre à un spectateur populaire d'assister aux spectacles.
À Madrid, pour à peine quelques euros on voit une corrida. Certes, la jauge de l'arène est considérable et permet des tarifs très bas. On sait aussi que dans la capitale espagnole, une aficion traditionnelle vit dans les quartiers populaires et remplit les arènes.
En France, vingt euros devrait être le prix d'une place moyenne.
Que verdad, joder !
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