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10 novembre 2010

Le désert du Bache.

Plus rien ne va, les après-midi se succèdent et égrainent les mêmes hésitations, les mêmes doutes, le même malaise. Ce qui, il y a à peine quelques semaines, était évident, ce qui coulait de source, devient problèmes, difficultés, obstacles. Même le savoir faire se fissure et laisse s'engouffrer un mal-être permanent.
C'est le fameux "bache", redouté par tous les toreros, le passage à vide, qui possède l'affreuse particularité de ne pas savoir quand on en sortira, ni même si on en sortira un jour. Et ne pas quitter le "bache" signifie que l'on va rejoindre le "monton", le tas de ceux que l'on finit par oublier.
Beaucoup de toreros l'ont connu. Nombreux sont ceux qui en sont revenus et légions ceux qui y sont restés. 
Le bache est craint, tel un monstre mythologique, à l'image des trous noirs de l'espace ou des siphons marins.
Comment y tombe-t-on? Par usure physique et morale, par fatigues accumulées, suite à un coup de corne mal digéré, à une suite d'échecs, à cause d'un toro qui vous a fait douter... 
Plus paradoxalement, parfois, le bache est frère du succès. Une temporada triomphale peut vous ouvrir les grilles du bache par crainte de ne plus savoir être à la hauteur, de décevoir. Parce que l'on ne connaît pas les chemins de la réussite, ni par quels mystérieux ingrédients on touche aux sommets. Parce que l'on ignore la recette de son propre succès et que l'on doute de pouvoir le reproduire.
Tout ce qui ne tue pas, enrichit. À la condition de vous en tirer, un séjour dans la solitude torturante du bache vous bonifiera à coup sûr. Comme le bon vin vous mûrirez, alors, à l'abri de la lumière, des regards, dans les ombres de vos méandres.
Ne tirons pas sur les toreros du bache, ceux qui gâchent nos après-midis à coups de petits pas de recul, de désarmés, de petites fuites et d'infimes démissions. Ceux qui nous font regretter qu'ils aient touché ce si bon toro dont ils ne sauront pas profiter. Ne nous irritons pas de leurs bustes exagérément bombés, de leurs reins outrageusement cambrés, de leurs cris de matamores; ce sont les bouées qui les sauvent du naufrage. Et qui leur permettent de ne pas disparaître corps et biens, d'exister encore, encore un peu. De supporter, d'aguanter, non pas le toro, mais le vide laissé par l'aisance disparue, le courage évanoui, l'assurance dissipée.

Et traverser le désert du bache. 
À petits pas reconquis, seconde après seconde, renaître. 
Et se présenter, ressuscité et debout, à la porte des cuadrillas, 
sous le soleil éclatant et les regards enfiévrés, 
 et marcher, d'un pas lent et sûr, 
sur le sable du plus beau paseo du monde.


1 commentaire:

  1. Demain il y a une petite arène de proportions modestes qui nous attend au bord de de la Bidassoa. Il y flotte une belle odeur de conquête et un vent de plaisir à venir. Rendez vous au paseo, maestro.

    El nino del Bouscat

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