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22 décembre 2010

L'art d'être naïf.

Plusieurs voyages en vidéoland, ces derniers jours, m'ont permis de réaliser quelques plongées dans la tauromachie du milieu du siècle dernier en compagnie des Arruza, Manolete et autres Dominguin. 
Des toros de présentation mesurée, dont il est difficile de juger de la résistance et du comportement à travers des extraits, en tout cas peu exceptionnels... mais, par contre, des toreros défiants et des spectateurs enthousiastes et passionnés. 
La différence avec notre époque semble bien moins résider dans la qualité des toros que dans l'engagement des toreros et du public. Ce sont les hommes qui ont changé, davantage que les animaux.
On sait que la consommation taurine, le commerce, l'affinement des esthétiques, ont induit une évolution du toro qui dérape souvent vers une dégénérescence. On n'ignore pas non plus que les trois toreros cités plus haut ont leur responsabilité dans cet état de fait.
Mais, ce qui saisit, en regardant les documents d'archives, c'est la capacité de ces hommes - toreros et spectateurs confondus - à s'enflammer. Arènes survoltées, chapeaux balancés, colères gesticulantes, incendies provoqués, toreros s'auto-proclamant numéro un, rivalités et amitiés affichées, destins ensanglantés, mythes vivants, stars séduites, écrivains, peintres, cinéastes, acteurs et actrices en barrera...
La tauromachie était une épopée et un roman. Sur le mode de la passion , elle suscitait les enthousiasmes et nourrissait les imaginaires.
Il semble qu'aujourd'hui les élans soient plus retenus. La société du spectacle, avec sa communication outrancière, désamorce les naïvetés, retient les emballements et éteint l'esprit de curiosité. Blasés, saturés d'images et de sensationnel, on ne s'étonne plus. On consomme.
Pourtant, il ne tient qu'a nous de réveiller les passions, les convictions, les désirs et que nos joues, un peu pâlottes, s'empourprent à nouveau.
En ces temps de Père Noël, auquel Jean Cau disait que les aficionados croient tous les dimanches à cinq heures, sachons rappeler en nous cette part d'enfance sans laquelle la vie n'est qu'un livre déjà lu.

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