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14 avril 2012

Paillettes aux kilos



J'ai toujours eu une grande tendresse pour les toreros à la ventripotence généreuse, aux bourrelets cascadants et aux fessiers 3 D. 
Le costume aux limites de son élasticité, la montera posée sur la tête comme un bouchon de carafe trop juste, des pieds féminins de ballerines, si petits qu'on les croirait descendus d'une Chine ancestrale, des bras trop courts pour un buste si large et si rond...
Tout en cul tout en panse, gros fessus gros ventrus, les membres plantés dans le tronc comme des cure-dents, ils semblent s'offrir aux cornes des toros tels des tapas de comptoir madrilène sur le coup des 9 heures.
Défis, perdus d'avance semble-il, aux lois élémentaires de la gymnastique et de l'agilité physique, il faut les voir galoper, virevolter, sauter barrières et planter banderilles à la course! Il faut les admirer, tels des culbutos soudain superbement verticaux, saluer montera en main après un poder a poder d'anthologie. 
Et quand les années les rattrapent, ils deviennent des maîtres de la science des terrains et des courses millimétrées, avant de finir en véritables sages, conseilleurs des générations à venir.
Ils font leur nid au creux de la tauromachie en jouant des coudes, tout simplement parce qu'ils devraient ne pas s'y risquer. Par sens basique de l'esthétique et par instinct élémentaire de conservation.
Et par conséquence, ils nous la redécouvrent cette tauromachie galvaudée, en en faisant résonner de nouveaux accents dans l'amplification de leurs corps majuscules. 
Et si la revitalisation de la corrida appartenait aux borgnes et aux obèses!
Et si pour retrouver l'appétit des ruedos, il fallait être dans un combat avec soi-même pour gagner sa place au soleil de la cinco de la tarde.
Et si la corrida ne réclamait que des êtres d'exception qui trouvent leur humanité dans le dépassement d'eux-même que leur impose cet univers des toros et d'hommes.
Vive la tauromachie calorique des beaux vivants! Vive les bourrelets énergétiques qui font briller les costumes de lumière!
Laissons les jouissances artificielles du point G de la dernière mode, à la dizaine que l'on sait !
Pour les kilos, il nous reste Botero!


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