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2 septembre 2012

Une médaille dans la bouche.

6 novillos de Camino de Santiago (un chemin de croix!) pour Cayetano Ortiz, Juan Leal, Brandon Campos.

Second novillo bis: Juan Leal vient de tuer. Le novillo lutte désespérément et longtemps, agonisant. Pathétique mort qui devient bouleversante lorsque le toro, cul en l'air, repose sa tête sur le sable, ferme les yeux comme pour s'endormir. On devine sous ses paupières closes la grande paix qui s'étend. Il s'écroule, enfin. Un peon s'approche discrètement du cadavre, et, alors que déjà les mules viennent pour l'emporter, il caresse deux secondes la croupe du novillo, et repart, ni vu, ni connu.
Candidat au plus beau geste taurin de la saison bayonnaise. 

Troisième novillo: Brandon Campos est mexicain. Et il le prouve d'entrée en accueillant son novillo par un farol à vide (c'est-à-dire sans toro) avant d'enchaîner par une véronique traditionnelle. Trois fois de suite. Passe baroque et inattendue en Europe qui signe ses origines comme trois paraphes jaunes et roses dans le ciel basque. Le reste sera classique et artistique. À suivre de prés.

Cinquième novillo: Elle tiendra entre ses dents la médaille qui pend à son cou pendant près de vingt minutes. Le temps qu'il faudra à son fils pour venir à bout de son novillo. Assise, repliée sur elle-même, ne cillant pas, ne perdant pas une seconde son gosse des yeux, elle semble tenir sa vie entre les dents. Comme les chattes portent leurs petits. Pas de place pour l'émotion, pour les mots, pour un regard dérobé, tout se concentre en cet acte essentiel: tenir la vie entre ses dents.
Quand le novillo s'écroulera blessé à mort, elle crachera la médaille comme un noyau de cerise. Mission accomplie. Pas de soulagement, pas de joie. Le sentiment d'avoir tenu bon, une fois encore, d'avoir évité le pire.
Quand j'étais enfant, à la plage, ma mère, avait l'habitude de nous dire: "Allez vous baigner, je garde les affaires": les montres, les médailles... la vie. 
Heureux ceux qui ont quelqu'un pour "garder les affaires"!
Respect, Madame.

Pour le reste, six novillos sans âge annoncé, honteusement insipides, mal foutus, tordus, boitant. Scandale.
Les toreros ont fait ce qu'ils ont pu devant ces fantoches. On oublie vite ce simulacre de tauromachie et on se resitue dans son rêve brillant et mythique.
Une présidence qui changea le second mais se refusa à remplacer le premier, le troisième, le cinquième et le sixième.
La prochaine fois que vous verrez annoncé "Camino de Santiago", changez de direction.

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