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7 août 2011

Être ou ne pas être.

Adhérer à la vie, s'y engager sans réserve, y croire, bâtir un foyer, avoir un bon boulot, faire la fête et l'amour, imaginer avec peine de finir un jour et pourquoi pas croire en Dieu, donner un sens à l'existence, à l'aventure humaine, se sentir solidaire de l'espèce, avoir foi en son avenir, se considérer un maillon utile de la chaîne.


Ne pas "coller" à l'existence, sentir en permanence un espace entre soi et la vie, une distance infranchissable, une blessure qui sécrète un mal de vivre, un vague à l'âme, un sentiment d'étrangeté, un malaise durable duquel naît parfois un état dépressif profond, la mélancolie.


  

Dans le dernier film du réalisateur danois Lars Von Trier, une planète, baptisée précisément Mélancholia, menace de percuter la terre. On y suit les derniers jours de deux soeurs, Justine la mélancolique et Claire l'enthousiaste. La première, naufragée de la vie, voit arriver l'issue sans surprise et avec une certaine résignation, comme si la catastrophe finale était comprise dans le fait même de vivre ou plutôt de ne pas arriver à vivre. Claire, mère d'un enfant prometteur, épouse aimante, vivant entre golf et chevaux, ne peut supporter l'idée même de la fin et se désespère, pleure, cherche à fuir vainement pour échapper à l'inéluctable.
L'ultime image du film montre la victoire cataclysmique de Mélancholia.
Ce film, est intensément dépressif (et non déprimant) parce qu'il sous-entend que la partie est perdue d'avance et que le destin de l'humanité est condamnée à subir les caprices planétaires. Sans rime ni raison.
Mais ce qu'il nous raconte des deux forces qui animent nos vies en une tension irrésolue hisse cette réalisation au rang des grandes réussites. L'adhérence (plus que l'adhésion) heureuse et convaincue à la vie, et la distance douloureuse et paralysante à vivre,
Souvent, ces deux sentiments coexistent à l'intérieur d'une même personne et au gré des évènements l'un ou l'autre prend le dessus, sans générer de grand mal être.
Certains souffrent, pourtant, d'une relation envahissante à cette mélancolie. Parmi eux, nombreux sont ceux qui succombent et coulent, défaits et plombés par la léthargie et l'incapacité à réagir.
Quelques uns, cependant, trouvent un terrain privilégié où reconstruire une capacité à vivre. La blessure reste, mais elle est sublimée dans un acte créateur qui, alors, renvoie à l'humanité un reflet d elle-même. Ils sont souvent de grands artistes, rares. 
Jose Tomas fait partie de ceux-là. Sa tauromachie absolue est à la hauteur de sa mélancolie. Et de la nôtre.
Quand le confort de vivre - pêche au thon, football et amours conjugués - le comblera, qu'il pourra entonner à pleins poumons l'hymne de ceux qui croient aux lendemains - "que c'est beau, c'est beau, la vie"- et qu'il aura, alors, un peu plus que sa vie à perdre sur le sable des arènes, il partira comme il est venu.
Faudra-t-il s'en réjouir?... Pour lui, sûrement.... Mais, pour nous...?


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