BIENVENUE SUR LE BLOG DE PAPA GATO

25 juillet 2012

Comme une odeur de...

    

   Il semble que l'on emploie, aujourd'hui, le mot "caste" pour définir la combativité du toro. On dit d'un toro qui combat fort qu'il est encasté ou d'un autre qui refuse l'affrontement qu'il est décasté.
   Alors que le terme de caste était exclusivement réservé, il y a encore quelques années, à l'identité génétique du toro: les antécédents, les croisements.
    Cette extension de la définition de la caste interroge. S'agit-il d'un appauvrissement du regard critique porté sur le spectacle où tout ce qui est de l'ordre de l'agressivité du toro est jeté dans le grand panier de la caste, sans plus de nuance? 
    Est-ce là une perte d'exigence, comme si le critère de combativité était suffisant, comme si le seul fait que le toro soit belliqueux mérite d'être souligné. Alors que de la part d'un toro de...combat, précisément, il semble que ce soit la moindre des choses. Encense-t-on un cycliste parce qu'il sait pédaler?
  Autant dire que cette évolution sémantique du terme "caste" ne me convainc pas et aurait plutôt tendance, par son côté fourre-tout, à me paraître bien incertaine .

    Je préfère en appeler aux trois notions essentielles:
- l'instinct offensif du toro, sa faculté à répondre à l'agression par l'attaque (bravoure)
- l'instinct défensif du toro, sa tendance à répondre en se défendant (genio)
- sa capacité à jouer le jeu (noblesse)
   L'observation de ces trois caractéristiques donne l'exacte nature de la combativité.
   Ce trio me paraît d'autant plus juste qu'il désigne des comportements que l'on peut étendre à la vie en général et aux hommes en particulier. 
   La tauromachie est un miroir, c'est là une des dimensions essentielles de sa légitimité.

3 commentaires:

  1. Il est bon en effet de rappeler que les mots ont un sens et qu'il est important d'apprendre à s'en servir correctement.

    Le caractère d'un individu est bien souvent complexe. Et, c'est cette complexité qui rend la psychologie de l'humain intéressante.

    Mais l'expression "avoir du caractère" souvent utilisée dans la vie courante, dire de quelqu'un "il a du caractère", laisserait supposer que seul celui qui s'affirme plus fort, plus haut que les autres aurait une personnalité plus combative, plus affirmée et sous-entendu plus intéressante que celui qui n'en aurait pas (du caractère) ?

    Je déteste cette expression "il a du caractère" au même titre que je déteste que l'on dise d'un taureau qu'il est encasté. Cela ne veut rien dire.

    Le caractère est un mélange d'inné et d'acquis qui conditionnent les choix et le comportement d'un individu ou d'un taureau. S'il est vrai que certains caractères sont nettement plus intéressants que d'autres à observer, chaque comportement est en revanche unique et mérite notre discernement d'aficionado.

    Don Diego de la Vega

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  2. "Papa Gato" bonjour,
    Je suis arrivé jusque chez vous en passant rendre visite à "La Brega" de mon cher Xavier Klein... Les commentaires étant possibles chez vous - la porte étant entrouverte, je me suis glissé à l'intérieur...
    Vous avez entièrement raison de faire observer que le mot "caste" a dérivé vers une acception comme recentrée sur la "combativité" (ou son absence). Et il me semble, parce que les mots sont rarement innocents, que cette dérive en mot est une forme de réponse à une autre dérive, bien plus grave car en fait: si on ne réserve le mot d'encasté qu'à des toros dont la combativité est visible - si on en fait même un critère de distinction, c'est parce que désormais la production en quasi série de toros sans la moindre combativité visible ("toridiots", comme le dit si joliment Olivier Deck, sélectionnés avec succès pour "suivre le leurre") déséquilibre complètement (par excès de répétitivité) le triptyque que vous avez judicieusement présenté (instinct offensif, instinct défensif, capacité à jouer le jeu). Et comme en sus, pour des raisons commerciales évidentes, ces toros dits "encastés" - trouvant de moins en moins preneurs - sont peu à peu en train de disparaître, les rares qui restent sont dès lors assez distincts des autres pour que cette seule combativité visible soit devenue comme l'emblème de la caste en son entier - ce que je vous concède être réducteur... Et, si on se base sur vos catégories, j'ajouterais que ce sens étroit du mot caste pourrait être même concentré sur ce que vous appelez "l'instinct défensif". Car, nos "toridiots" (ou "toros au mètre", etc.) ne manquent pas au fond "d'instinct offensif" (ils chargent!), et encore moins de "capacité à jouer le jeu" (c'est probablement sur ce critère là que s'effectue leur sélection par les "ganaderos d'industrie" - comme les avait si pertinemment nommés Joseph Peyré dans un article prémonitoire datant de 1950!). En fait, ils manquent surtout - et de beaucoup! - "d'instinct défensif" (il y a belle lurette que leurs gènes les rendent incapables de "comprendre le latin et le grec"...). D'où, in fine, la translation du "manso con casta" en parangon du toro de combat - le paradoxe n'est qu'apparent...
    Le tempo du web est très rapide, et le 25 juillet est déjà loin! Mais peut-être, rétrospectivement, me lirez-vous...
    Quoi qu'il en soit, merci pour l'accueil, et "longo maï" - comme on dit dans ma Provence natale - au blog "Les clameurs".
    Suerte - Bernard Grandchamp "Largo campo"

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  3. Merci de votre commentaire dont je partage largement l'analyse. Bien d'accord : si l'on insiste tant aujourd'hui sur la caste c'est qu'elle devient le drapeau de la lutte contre le joliment nommé, en effet, "toridiot".
    Je voudrais cependant préciser mes propos sur la différence entre bravoure et genio. La bravoure - instinct offensif face à l'agression - est une force dangereuse, difficilement maîtrisable par le torero. Au point que certains matadors redoutent de tomber sur un toro de bandera à Madrid, de peur d'afficher leur incapacité à en venir à bout. Ce serait faire bien de l'honneur aux toros souhaités et commandités par les figuras de leur accorder cette qualité. Leur charge est "conditionnée" aux exigences du spectacle.
    Le genio est une autre histoire: demi charges, coups de tête, frein à main, calculs divers, pattes en avant, tête à mi-hauteur, grande rapidité à comprendre le jeu... qui peut aller jusqu'à l'intolérable. Une part de genio est indispensable au relief du toreo. Au-delà, on entre dans le combat de rue, le coup pour coup, qui n'est pas sans intérêt pour le spectateur mais qui n'évoque pas l'excellence d'un toro.
    J'insiste pour distinguer la bravoure de la docilité ou pire de la collaboration. Et je répugne à identifier la caste au genio car je veux conserver à l'énergie solaire, sauvage et ravageuse de la bravoure la place première qui lui revient. Un manso, eût-il de la caste, reste un manso, plus intéressant qu'un manso fade mais bien moins passionnant et admirable que le moins brave des toros braves.
    Reste la noblesse. La valeur la plus discutable à mon goût. Mettre la tête, la fixer, faire l'avion, sont des qualités essentielles à l'expression artistique du toreo moderne mais peuvent très vite devenir fadeur et complaisance si la bravoure est absente.
    Nous pourrions échanger sur le thème jusqu'à plus soif. Je vous remercie à nouveau de votre propos. La passion taurine qui nous anime puise sa force aussi dans l'échange et l'approfondissement de nos regards sur l'énigme de la rencontre entre l'homme et le toro. Bonne suite et fin de temporada

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