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15 octobre 2012

Dans l'automne madrilène le temps n'était pas à la fête.


Madrid, samedi 06/10/2012
Corrida de feria de otoño.


Pastel
et pas tel…




Seuls les revendeurs, affolés et rubiconds, s’affolant et affolant le retardataire jusqu’à la taquill n’étaient pas dans la note pastel que le soleil de fin de temporada nous offrait.
Pastel, Sergio Aguilar, tout au long de ses faenas, éclairées de rares raies vives. Pastel et pas tel qu’on l’espérait, David Mora, qui parait ne savoir se servir que de sa cape et donne l’impression d’ignorer les terrains. Le public lui rafraichit la mémoire, et lui rappelle qu’être ailleurs n’appartient qu’à José Tomas. Pastel, Ivan Fandiño, dont seule la couleur illumine des faenas, bien léchées, où il ne manque rien, hormis le désir.
Le vif était dans les toros de Valdefresnos et le troisième de Fraile Mozas. Le vif était dans la cornamenta des bichos, qui devrait permettre à nos revisteros du Sud-Ouest d’éviter de se poser des questions sur la présentation de la plupart des toros lidiés dans nos plazas ; le sexe des anges ne leur serait plus mystérieux. Le vif de la caste était tempéré par le « juste de force », la faiblesse constitutionnelles de ces magnifiques estampes.
Le public de la Monumental a démontré, une fois de plus, sa fonction de « veedor » de la fiesta, celui qui voit, signale et pointe, les comportements déviants des hommes à pied et à cheval, leurs errances dans des terrains improbables et les déficiences des toros. Une monumental gardienne de l’éthique de la corrida, seul rempart contre l’amoralisme dont on l’accuse.
Quelques puros que quelques-uns osent fumer…presque en cachette.


Madrid, dimanche 05/10/2012,
finale du concours de écoles taurines
communauté de Madrid.


Des clones et des clowns, 
ou une « non piquée » comme il faut…




Ganaderia d’El Carreton, pardon de Jandilla, d’une homogénéité évoquant Huxley et son «meilleur des mondes», tous gachos, playeros, propres sur eux jusqu’à la fadeur. Des toros qui ne «servent» pas assez leur (contre) maître et osent vomir le sang de leur bajonazo sur les zapatillas et le traje immaculé de leur matamor de matador.
Un public qui s’habitue ou se résigne, allant jusqu’à réclamer le changement du seul manso qui ne pouvait «servir» les «toreritos» ou plutôt les toreros en devenir, qui méritent quoiqu’il soit notre respect pour se mettre devant.
Bref des erales « comme il faut » pour des hommes « comme il faut », funèbrement formatés pour l’enterrement de la corrida et l’avènement d’une tauromachie « sans histoire». Des toros sur des rails, des toreros sur une autre voie, parallèle, aucun risque de rencontre, ni d’histoire commune, rien pour la passion, tout pour le raisonnable. 
Les toreros, dont deux de la Fondacion d’El Juli, paraissaient clonés, seul leur costume les distinguait. Une passe citée de face et la suite, en rond, fuera de cacho, avec le pico, mais liée, répétée jusqu’à l’ennui et conclue d’une épée au hasard des terrains. Toreros sans recours, malgré les cours. Très souvent la montera était au centre, le toro aux planches et le torero quelque part.
Nous n’étions pas au Tendido Siete mais sur le quai n°7 de la Estacion Monumental.
Matinée éclairante et éclairant d’un soleil radieux - au moins quelque chose souriait - la tauromachie d’aujourd’hui, que les marchands veulent pour demain… si nous continuons à acheter et à nous vendre?
Ne dites pas à ma mère que j’étais à un enterrement, elle me croyait à la fête de l’automne.

Madrid, dimanche 07/10/2012
corrida de feria de otoño.


Des hommes normaux 
dans l’anormalité.




Corrida de « las y de los dos ». De las dos horas de peur et d’émotion, de los dos pitones terrorificos des toros de Palha, en particulier le cinquième, irréel de cornamenta, de las dos pares de banderilles que le peon, David Adalid, a posé dans des terrains impossibles, devant ce toro impossible, faisant lever et rester debout 20 000 incrédules, de los « dos huevos » que tenian cada torero.Fernando Robleño omni-présent dans sa lidia et celle de jefe, Javier Castaño déshabillé et gracié par son premier adversaire, revenant faire le métier avec une humilité tranquille et un pundonor intemporel, Alberto Aguilar, liliputien applaudi avant de donner le toque, tant son placement était vrai, sincère.
Bref des toreros normaux, vecteurs de valeurs intemporelles, nous disant que si certains maestros ont un coût, d’autres n’ont pas de prix.


Alain Chaperon, Caperuza.



3 commentaires:

  1. Merci, papa Gato.
    Un vrai bonheur de te lire
    Enhorabuena! Le style, l'aficion, l'humour, les mots, rien ne manque.
    Ole!

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  2. Je ne suis pas l'auteur de cet article. Il s'agit d'un ami Alain Chaperon. Et je suis bien d'accord. Rien ne manque!

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  3. Le plaisir reste complet: merci à Alain Chaperon
    Saludos

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